[Test] Cannibal Holocaust : la critique et le test du Blu-Ray

4 reporters disparaissent mystérieusement dans une région reculée d’Amérique du Sud après être entrés en contact avec une tribu cannibale. Une équipe part à leur recherche et découvre les images qui ont été tournées. Les images contiennent le terrible secret de leur disparition.

Le film

Est-il nécessaire de montrer aux hommes l'enfer pour qu'ils croient un peu en leur bonheur ?

Annoncé par sa jaquette comme "le film le plus controversé de l'histoire du cinéma", "Cannibal Holocaust" est à coup sûr un film qui marque les esprits lors de chaque visionnage. Réalisé en 1980 par Ruggero Deodato, ce long-métrage italien n'a aujourd'hui rien perdu de sa force et demeure l'un des films les plus percutants et assurément l'un des plus réussis du genre. A l'occasion de sa sortie en France pour la première fois en haute définition, revenons sur l'incroyable histoire de ce film culte.

Nous sommes en 1979. La petite équipe du film s'installe au Sud de la Colombie, près des frontières avec le Brésil et le Pérou, afin de réaliser le tournage des scènes dans la jungle. Les acteurs principaux sont en partie américains et sortent de l'Actors Studio. Dans leur contrat, le réalisateur Ruggero Deodato leur a fait signer une clause assez particulière selon laquelle il doivent disparaître complètement du monde du cinéma pendant un an afin de rendre le film plus réaliste et provoquer le doute chez les spectateurs sur la véracité des faits racontés.

"Cannibal Holocaust" traite en effet de la disparition de quatre jeunes journalistes et de leur guide alors qu'ils tournent un documentaire sur les tribus anthropophages en Amazonie. En faisant disparaître les acteurs de la circulation, le réalisateur laissait ainsi le doute selon lequel la fiction n'en était peut-être une. Ce procédé fut de nouveau utilisé vingt ans plus tard avec le film "Le Projet Blair Witch", qui rencontra un grand succès dans le monde.

Si le tournage se déroule bien, malgré des conditions climatiques difficiles, et si les spectateurs italiens accueillent assez chaleureusement le film, "Cannibal Holocaust" est retiré des cinémas une dizaine de jours seulement après sa sortie. S'appuyant sur une vieille loi selon laquelle un animal ne doit pas être tué pour le plaisir du divertissement (créée à l'origine pour empêcher les corridas en Italie), un juge attaque l'équipe du film et pointe du doigt les morts réelles d'animaux dans le film (tortue décapitée et décortiquée, tète de singe tranchée...).

Le juge va même jusqu'à s'inquiéter sur l'état de santé des acteurs principaux. Ces derniers n'ont alors donné aucune interview, Ruggero Deodato étant le seul à s'exprimer avec la presse, et semblent s'être volatilisés dans la nature depuis le tournage. Et s'ils avaient été eux aussi sacrifiés pour les besoins du film ? Le réalisateur est alors obligé de les retrouver et de les amener depuis le juge pour prouver qu'ils sont bien encore vivants. A la suite de cette affaire judiciaire ponctuée de plusieurs procès, le film restera interdit d'exploitation en Italie pendant plusieurs années avant de sortir dans une version tronquée.

Parallèlement à cela, le film est un succès dans les autres pays où il sort, principalement dans des versions censurées y compris en France où il fut interdit aux moins de 16 ans malgré près de sept minutes coupées au montage. "Cannibal Holocaust" est donc un film à ne pas mettre sous tous les yeux, la violence et la cruauté d'un certain nombre de scènes donnant facilement la nausée. Mieux vaut alors avoir l'estomac bien accroché.

Le film se compose de deux parties. Dans la première, un professeur part à la recherche des journalistes disparus et finit par mettre la main sur les bandes qu'ils ont tournées. Dans la seconde, on découvre ce que contiennent ces fameuses bandes et ce qui est vraiment arrivé aux journalistes. C'est cette partie qui est clairement la plus dure à regarder, les scènes chocs s'enchaînant les unes après les autres avec une puissance d'impact intacte et un style documentaire qui en nous immergeant dans l'action nous rend d'autant plus mal à l'aise.

Avec "Cannibal Holocaust", le réalisateur Ruggero Deodato dénonce le sensationnalisme cultivé par certains journalistes en quête de célébrité et signe un film fort dont on ne ressort pas intact porté par des acteurs convaincants et par la sublime musique composée par Riz Ortolani, qui accompagne chacune des séquences intenses. Un must see pour tous les fans du genre.

Devenu culte par la violence crue de certaines scènes accentuée par l'effet faux-documentaire et par les nombreuses controverses qui ont suivi sa sortie, "Cannibal Holocaust" est définitivement un film d'un grand impact et qui ne vous laissera certainement pas indifférent. A déconseiller aux âmes sensibles.

Le Blu-Ray

Plus de trente ans après sa sortie dans les salles, "Cannibal Holocaust" sort dans une "Edition Ultimate" en France, pour la toute première fois en Blu-Ray avec une version haute-définition du film, supervisée par le réalisateur Ruggero Deodato en personne. Meme si l'image conserve un léger grain et quelques imperfections qui accentuent le coté documentaire réaliste, l'image du film (tourné en 16mm et en 32mm) n'a jamais été aussi belle. Cette nouvelle édition est donc un bon moyen de redécouvrir le film. Les pistes audio sont au nombre de trois : une piste italenne DolbyDigital 5.1, une piste française mono et une piste anglaise mono. Des sous-titres français sont disponibles.

Reprenant le caractère sobre de la jaquette, le menu principal assez sombre avec en arrière-plan des extraits sonores du film jouit d'une navigation intuitive avec toutefois une particularité assez étrange : si vous ouvrez par exemple le menu des chapitres, il est nécessaire de cliquer à nouveau sur "Chapitres" avant de pouvoir consulter un autre menu.

Les bonus sont assez nombreux et proviennent de l'édition collector DVD éditée en 2003. Au programme, tout d'abord, un making-of d'une heure divisé en cinq chapitres (Production - Tournage - Musique - Censure - Aujourd'hui) dans lequel on apprend notamment comment le réalisateur a finalement trouvé le lieu de tournage idéal grâce à un guide colombien rencontré dans un aéroport ou encore que le directeur de la photographie n'approuve pas le film et qu'il a accepté de participer au tournage uniquement parce que c'est son métier.

S'ensuit les scènes censurées dans la version française sortie au cinéma (7 minutes). Ces scènes sont bien présentes dans la version intégrale présentée sur le Blu-Ray mais ce bonus nous permet de nous rendre compte de ce à quoi ont échappé les spectateurs français en 1981. Et bien évidemment, on se rend également compte du travail de restauration qui a été fait sur le film en comparaison avec ces extraits qui sont dans une version intacte de l'époque

On découvre ensuite une conférence de presse de Rugerro Deodato (22 minutes) dans laquelle le réalisateur italien s'exprime en français. Son accent et ses erreurs de langage rendent son discours parfois difficilement compréhensible (surtout vers la fin) et l'on regrette l'absence de sous-titres français en complément. Dans "Carnage Culte" (13 minutes), Julien Seveon nous dévoile les controverses autour du film avec de multiples anecdotes. La partie des suppléments se conclue enfin avec deux bandes-annonces originales du film en version française (5 minutes) l'une étant composée du générique de début sans aucun titre.

Si vous ne possédez donc pas encore ce film culte chez vous, cette édition "Ultimate" apparaît comme une édition indispensable. En plus de nombreux bonus, ce Blu-Ray présente une version haute-définition restaurée qui vous fera redécouvrir le film dans les meilleures conditions possibles. Existe également en version 2 DVD.

Cannibal Holocaust : En DVD et Blu-Ray le 18 octobre 2011.

Un grand merci à DarkStar et Opening qui m'ont permis de réaliser cette critique.