[Critiques] Pirates des Caraïbes 4, The Tree of Life, La Conquête
Publié le 28 Mai 2011
Réalisé par Rob Marshall. Avec Johnny Depp, Penélope Cruz, Geoffrey Rush. Dans cette histoire pleine d’action où vérité, trahison, jeunesse éternelle et mort forment un cocktail explosif, le capitaine Jack Sparrow retrouve une femme qu’il a connue autrefois (Penélope Cruz). Leurs liens sont-ils faits d’amour ou cette femme n’est-elle qu’une aventurière sans scrupules qui cherche à l’utiliser pour découvrir la légendaire Fontaine de Jouvence ? Lorsqu’elle l’oblige à embarquer à bord du Queen Anne’s Revenge, le bateau du terrible pirate Barbe-Noire (Ian McShane), Jack ne sait plus ce qu’il doit craindre le plus : le redoutable maître du bateau ou cette femme surgie de son passé…
Walt Disney & Jerry Bruckheimer (le producteur) continuent de faire fructifier leur poule aux oeufs d'or avec ce quatrième opus des aventures de Jack Sparrow. Après La Malédiction du Black Pearl (2003), Le Secret du Coffre Maudit (2006) & Jusqu'au Bout du Monde (2007), tous les trois réalisés par Gore Verbinski (Rango - 2011), c'est au tour de Rob Marshall (Mémoires d'une geisha - 2006) de prendre la relève, toujours en compagnie de Johnny Depp, Geoffrey Rush, Kevin McNally & Keith Richards, ajoutez à cela, quelques nouvelles têtes comme Penélope Cruz, Ian McShane et la frenchy Astrid Berges-Frisbey. La Fontaine de Jouvence (2011) est librement inspiré du roman "Sur des mers plus ignorées" de Tim Powers (publié en 1988), mis à part cette information, le film en lui-même n'a rien d'original, tant au niveau de sa structure qu'au niveau de son intrigue et de ses personnages.
140 minutes où tout s'enchaînent à un rythme impressionnant, beaucoup de dialogues, de l'action et de l'aventure digne de n'importe quel blockbuster estival (la recette reste la même), une amourette des plus ridicule (entre un homme d'église courageux et une sirène naïve et fragile), sans oublier les sous-intrigues, bref l'ensemble fini rapidement par devenir lassant (vue la durée excessive du film, il fallait s'en douter). Signalons aussi des décors assez fade (les reconstitution en studio sont flagrante), quant à la 3D relief, sans surprise, elle est clairement d'aucune utilité, puisque le film a été (en partie) tourné 3D relief (seules quelques séquences bénéficient donc réellement de cet apport). Au final, on obtient un divertissement sans grande originalité, l'ensemble étant rapidement prévisible, seul le plaisir de retrouver Johnny Depp dans la peau de Jack Sparrow reste intact. Cependant on craint le pire si Disney confirme le souhait de mettre en route un cinquième et sixième opus.
** Bon film.
Réalisé par Terrence Malick. Avec Brad Pitt, Sean Penn. Jack grandit entre un père autoritaire et une mère aimante, qui lui donne foi en la vie. La naissance de ses deux frères l'oblige bientôt à partager cet amour inconditionnel, alors qu'il affronte l'individualisme forcené d'un père obsédé par la réussite de ses enfants. Jusqu'au jour où un tragique événement vient troubler cet équilibre précaire...
Initialement prévu pour 2010, Terrence Malick préféra se donner un an supplémentaire pour peaufiner son oeuvre, d'où sa présentation en compétition officielle lors du 64ème Festival de Cannes. Pour son 5ème film (seulement), Terrence Malick (La Balade sauvage - 1973 & Les Moissons du ciel - 1979) nous réserve comme rare savent le faire les cinéastes d'aujourd'hui, une oeuvre expérimentale à la fois visuelle et sensorielle. Une oeuvre qui va en départager bon nombre d'entre-nous, affichant presque 140 minutes au compteur (armez vous de patience si vous n'avez jamais vu un de ses films), The Tree of Life (2011) a le défaut de déconcerter le spectateur dès le début du film, pour mieux le satisfaire par la suite (d'où la nécessité de rester jusqu'au bout !). En effet, le film se divise très clairement en deux parties, la première (qui doit approcher les 45 minutes, retrace l'évolution de la vie depuis le big bang à aujourd'hui, alternant les plans dans l'espace et d'autres sur Terre avec des dinosaures). Puis la seconde partie se focalise sur une famille américaine vivant au Texas dans les années 50. On y découvre Jack, un garçon ordinaire qui doit jongler entre l'amour de ses deux frères, celui d'une mère protectrice et d'un père autoritaire, obsédé par la réussite de ses progénitures.
Terrence Malick a soigné son oeuvre, il nous a restitué un film sublimé par des images de toute beauté, où l'onirisme et le lyrisme prennent alors toute leur dimension. Les plans tous plus variés les uns que les autres se succèdent avec plus ou moins de logique, paysages désertiques, nature luxuriante, jungles tropicales, buildings, les plans en steadycam sont sidérants, la caméra virevolte, donnant l'impression d'être en apesanteur, en totale adéquation avec la musique et les ambiances sonores. Alternant entre le présent, le passé et les interventions en voix-off où l'actrice interpelle directement Dieu (le film insiste énormément sur le côté religieux), autant d'éléments qui pourront en lasser plus d'un (d'autant plus que le film accumule les longueurs). Concernant la distribution, on pourra féliciter la prestation de Brad Pitt, ainsi que celle de Jessica Chastain, on regrettera simplement que Sean Penn n'apparaisse pas plus souvent (devant se limiter à de brèves apparitions). Une expérience cinématographique (véritable OFNI) à vivre au moins une fois, que l'on soit un aficionado ou non du cinéaste (un réalisateur talentueux mais peu prolifique, c'est tout de même désolant). Signalons enfin qu'il est le grand lauréat de la Palme d'Or du 64ème Festival de Cannes !
** Bon film.
Réalisé par Xavier Durringer. Avec Denis Podalydès, Florence Pernel, Barnard Le Coq. 6 mai 2007, second tour de l'élection présidentielle.Alors que les Français s’apprêtent à élire leur nouveau Président, Nicolas Sarkozy, sûr de sa victoire, reste cloîtré chez lui, en peignoir, sombre et abattu. Toute la journée, il cherche à joindre Cécilia qui le fuit.Les cinq années qui viennent de s'écouler défilent: elles racontent l'irrésistible ascension de Sarkozy, semée de coups tordus, de coups de gueule et d'affrontements en coulisse.La conquête: L'histoire d'un homme qui gagne le pouvoir et perd sa femme.
Bien évidemment, ce sont les gens de gauche qui apprécieront le film, alors que ceux de droite auront toujours le dernier mot pour critiquer tel passage du film, tel commentaire ou moquerie faite à l'encontre du "nain" (dixit passage du film). Mais il faut reconnaître que Xavier Durringer crée la surprise avec sa comédie dramatique, une oeuvre de "fiction" où le vrai et le faux s'assemblent (en effet, une large partie du film a été inventé mais il subsiste plusieurs éléments véridiques). La Conquête (2011) nous replonge en 2007, au second tour de élection présidentielle (entre-coupé de plusieurs flash-back remontant à 2003 lorsque Nicolas Sarkozy était Ministre de l'Intérieur). De sa relation avec Cécilia Sarkozy à leur rupture avant les élections, de ses déboires avec l'affaire Clearstream (encore à l'heure d'aujourd'hui devant les juges) en passant par ses différents avec Jacques Chirac ou encore les innombrables tensions avec Dominique de Villepin (on assiste d'ailleurs à la débâcle de ce dernier, lorsqu'il avait voulu instaurer le C.P.E, le tant décrié Contrat Première Embauche).
Le film nous replonge dans les affres de la politique française, entremêlé d'humour corrosif et de répliques grinçantes, c'est un réel bonheur de voir Sarkozy, Chirac & de Villepin se tirer dans les jambes, cherchant à tout prix à conquérir le pouvoir par tous les moyens. Ce qui marque le plus ici, c'est bien évidemment les prestations des acteurs, loin d'avoir fait dans la simple caricature, ils campent avec brio ces hommes politiques, tant par mimétismes que par l'intonation de leurs voix, de Denis Podalydès (magnifique dans la peau de Nicolas Sarkozy), en passant par l'hilarant Bernard Le Coq (Jacques Chirac), à Samuel Labarthe (dans la peau de Dominique de Villepin et qui d'ailleurs imite à merveille Patrick Poivre d'Arvor), sans oublier Florence Pernel (Cécilia Sarkozy) & Saida Jawad (Rachida Dati), une distribution remarquablement réussie et qui en fait la force du film.
*** Très bon film.
Critiques by RENGER Benoit