[Critique] The Artist, de Michel Hazanavicius
Publié le 17 Octobre 2011
Sortie cinéma : 12 octobre 2011. Réalisé par Michel Hazanavicius. Avec Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman. Hollywood 1927. George Valentin est une vedette du cinéma muet à qui tout sourit. L'arrivée des films parlants va le faire sombrer dans l'oubli. Peppy Miller, jeune figurante, va elle, être propulsée au firmament des stars. Ce film raconte l'histoire de leurs destins croisés, ou comment la célébrité, l'orgueil et l'argent peuvent être autant d'obstacles à leur histoire d'amour.
Il fallait oser ! A l’heure du tout numérique où les films se tournent de plus en plus en HD et quelques fois en 3D relief, Michel Hazanavicius remonte dans le temps, bien avant le Technicolor, à savoir au début du XXème siècle, à l’ère du film muet réalisé en noir & blanc ! Un pari audacieux et risqué de la part de Thomas Langmann (le producteur) mais aussi de la part de Michel Hazanavicius qui retrouve pour la troisième fois consécutive (après OSS 117 : Le Caire nid d'espions - 2006 & OSS 117 : Rio ne répond plus - 2009) l’acteur Jean Dujardin à travers une brillante retranscription des années 20 à 30, à travers lesquelles on revit les dernières heures du cinéma muet et la naissance du cinéma parlant. Avec pour conséquence, la mise au placard des acteurs du cinéma muet pour faire place à une toute nouvelle génération d’acteurs fin près inaugurer une nouvelle ère dans l’Histoire du cinéma Hollywoodien. Un thème déjà vu au cinéma, notamment dans le cultissime Boulevard du crépuscule (1949) de Billy Wilder ou dans Chantons sous la pluie (1952) de Stanley Donen et remis au goût du jour grâce à Michel Hazanavicius qui nous offre un vibrant hommage à cet âge d’or du cinéma d’Hollywood(land).
Le réalisateur n’a visiblement pas cherché la facilité avec son film, où durant 100 minutes (et aucun dialogue, seulement des intertitres), les acteurs ont dû véritablement réapprendre à jouer afin de transmettre leurs émotions autrement que par la parole. D’un côté, on a Jean Dujardin, qui porte le film sur ses épaules, expressif, charismatique, drôle et émouvant (le numéro de claquettes à la fin du film est bluffant, d’une durée de deux minutes, la séquence aura nécessité près de quatre mois d’entraînement), avec à ses côtés, la radieuse Bérénice Bejo qui ajoute une touche de féminité à cet univers très masculin. Ajoutez à cela une distribution tout aussi intéressante avec dans les seconds rôles John Goodman & James Cromwell, sans oublier Malcolm McDowell le temps d’un (trop) court caméo. On appréciera tout autant la mise en scène qui fait de très nombreux clins d’œil cinématographiques au cinéma des années 20 & 30, une qualité photo soignée (Guillaume Schiffman) avec un noir & blanc éclatant, une superbe B.O (composée par Ludovic Bource) collant parfaitement à l’univers du film (à son époque et au fait qu’il soit muet). Michel Hazanavicius a clairement réussit son pari et quant à Jean Dujardin, il a indéniablement bel et bien mérité son Prix d'Interprétation masculine lors du 64ème Festival de Cannes.
*** Très bon film.
Critiques by Cinéphile NostalGeek