Critique - The Visit

Publié le 30 Décembre 2016

Critique - The Visit

Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l'un d'eux découvre qu'ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s'amenuisent de jour en jour.

2015 aura été l'année d'un comeback réussi pour M. Night Shyamalan. Celui-là même qui nous avait fait frissonner avec les sublimes Sixième Sens, Incassable ou Le Village, n'était plus que l'ombre de lui-même depuis une dizaine d'années. Nous faisions sans doute partie des rares à avoir apprécié Phénomènes ou After Earth, mais pour tout être tout à fait franc, nous n'y retrouvions pas les talents de mise en scène que Shyamalan avait pu déployer par le passé. Nombreux pensaient le cinéaste terminé pour de bon. C'est tout le contraire qui s'est produit en 2015 avec un rebond inattendu à la télévision (Wayward Pines) puis au cinéma (The Visit). Aujourd'hui, les premiers retours acclament son prochain long-métrage - Split - à découvrir dans les salles en février 2017. A défaut de pouvoir parler de ce dernier, nous nous sommes fait une piqure de rappel avec The Visit. Bonne nouvelle : le film est aussi bon et rafraichissant qu'au premier visionnage.

Critique - The Visit

A première vue, The Visit avait tout l'air d'un grand retour au bas de l'échelle pour M. Night Shyamalan. Lui qui réalisait encore deux ans plus tôt l'un des plus gros blockbusters de l'année avec After Earth : 130 millions de dollars de budget, Will Smith en vedette. L'échec critique et public - à peine 60 millions sur le sol US - aurait pu lui coûter sa carrière, si bien qu'on ne se faisait plus d'illusions pour ses prochains projets. Produit par Blumhouse (à qui l'on doit les Paranormal Activity, Sinister, Ouija, Insidious), on voyait surtout dans l'annonce de The Visit un moyen de se faire de l'argent sur un ancien grand nom de l'horreur. Le budget réduit (5 millions de dollars), le cast inconnu et le format du found footage n'ont fait que confirmer ces craintes.

Le fait est que The Visit aurait pu être ce qu'on craignait qu'il soit : un "retour" fade à l'horreur pour Shyamalan. Sauf qu'un ingrédient que nous n'avions pas prévu s'est introduit dans la recette. Plutôt que de tenter de nous effrayer à tout-va, Shyamalan s'amuse avec nous. Nous pouvons l'admettre sans honte, The Visit est l'un des films d'horreur les plus drôles que nous ayons pu voir ces dernières années.

Critique - The Visit

Cet exploit, il le doit avant tout à son casting fabuleux. Nous suivons deux enfants en visite chez des grands-parents qu'ils n'ont jamais rencontrés. L'un des deux enfants, passionnés de cinéma, s'est mis en tête de raconter en vidéo cette première rencontre. Par le biais du found-footage, nous sommes au plus près du frère et de sa soeur alors que les évènements inhabituels se multiplient au cours du séjour. Olivia DeJonge et Ed Oxenbould sont plus que crédibles dans ces deux rôles et leur alchimie fonctionne à l'écran, alors que les caractères de leurs deux personnages se marient merveilleusement bien. La soeur aborde les choses sereinement, se reposant sur qu'elle est venue chercher/filmer, tandis que le jeune frère - plus impressionnable - s'inquiète vite de la situation.

Leur périple les confronte à Deanna Dunagan et Peter McRobbie. Les deux acteurs parviennent à être normaux et rassurants - à l'image de bons grands-parents, avant d'être quelques secondes plus tard absolument terrifiants. Est-ce que l'âge qui les poussent à comporter ainsi ou ces comportements cachent-ils quelque chose ? Shyamalan maintient l'ambiguïté, enchaînant les séquences plus légères avec d'autres où la peur est réelle, débarquant souvent par surprise. Citons l'exemple de cette partie de cache-cache qui survient au tout début du film et nous prend - comme les enfants - au dépourvu, avec un pic d'adrénaline bienvenu. Lorsque Shyamalan veut faire peur, la tension est bien présente, mais à l'horreur pure se mêle cette fois un aspect comique du fait de l'incongruité de chacune des situations. Ce mélange créé une atmosphère plaisante où les rires se mêlent aux frissons, jusqu'à une partie inoubliable de Yahtzee.

Critique - The Visit

Le found footage a prouvé ces derniers années qu'il pouvait aggraver des films déjà en piteux état de par une utilisation grossière et gadget ("glissez le nom d'un found footage récent"). Il est utilisé de manière intelligente dans The Visit, le personnage de jeune cinéaste permettant proposer des choses plus ambitieuses à l'écran. Il arrive même à se faire oublier. L'action reste toujours lisible à l'écran, on ne perd rien du cadre pour le moins rassurant (maison de campagne enneigée) ni des actions qui sont-elles beaucoup moins rassurantes (la séquence du couloir). La tension fluctue, le film s'amuse de ses propres gimmicks et il est facile de s'attacher aux protagonistes, tandis que nos peurs enfantines remontent peu à peu.

The Visit remplit donc nos espoirs les plus inespérés par une combinaison de rires et de frissons, mais là où il est le plus inattendu c'est dans certaines émotions qu'il va susciter chez nous. Comme si cela ne suffisait pas, Shyamalan ajoute une dimension dramatique au film qui casse l'ambiance générale, plutôt détendue, pour ajouter davantage de profondeur à ses personnages. Voilà qui donne une saveur particulière à l'ensemble et s'inscrit dans l'héritage des meilleurs longs de son réalisateur.

Critique - The Visit

The Visit prouve que M. Night Shyamalan n'a rien perdu de ses talents de conteur. Surprenant et plaisant à suivre, le film est un retour salvateur qui doit beaucoup au talent de ses deux jeunes interprètes principaux, et réserve des moments marquants qui montrent tout le potentiel d'une bonne comédie horrifique, et au-delà par quelques pics dramatiques bien placés.

Commenter cet article