Critique - Notre Dame de Paris
Publié le 5 Décembre 2016
L'alchimiste Frollo qui habite à l'intérieur de la cathédrale de Paris, poussé par ses instincts ou par le destin veut posséder la belle Esmeralda qui danse sur le parvis de la cathédrale Notre-Dame. Son serviteur, Quasimodo le sonneur de cloches, lui est soumis comme un esclave et s'en va ravir la jeune fille. Mais elle est protégée par le capitaine Phoebus, dont elle est également amoureuse.
En 1998, Notre Dame de Paris faisait ses débuts sur les planches du Palais des Congrès. Adapté du roman de Victor Hugo, le spectacle musical de Luc Plamondon et Richard Cocciante a eu le triomphe qu'on lui connait, certaines chansons devenant des tubes connus de tous. Ce succès ne s'est pas limité à la France puisque le show a été joué dans 20 pays, adapté en 8 langues pour un total de plus de 4300 représentations dans le monde et 11 millions de spectateurs. 18 ans après ses débuts, Notre Dame de Paris revient à l'endroit où tout a commencé pour une série de nouvelles représentations qui seront suivies d'une tournée dans toute la France. L'occasion de faire découvrir le spectacle à une toute nouvelle génération.
Lorsque l'on pense à Notre Dame de Paris, ce sont les mélodies de Belle et du Temps des Cathédrales qui nous reviennent immédiatement en tête. Cette dernière ne se fait pas attendre puisque c'est la chanson qui ouvre le spectacle, nous plongeant dans le Paris du XVème siècle. L'ombre de Notre Dame plâne dans l'arrière du décor et, très vite, nous oublions le public autour de nous pour nous plonger dans l'oeuvre de Victor Hugo. Jamais l'immersion n'aura été aussi rapide pour une production française et il ne faut pas longtemps pour comprendre ce qui a fait du spectacle un phénomène international.
Bien loin de l'univers bien connu du Bossu version Disney, Notre Dame de Paris se rapproche au plus près du roman original de Victor Hugo, gardant sa noirceur et n'ayant pas peur d'exposer ses nombreux démons sur scène. Que ce soit Quasimodo, Frollo ou Phoebus, aucun des prétendants au coeur de la belle Esmeralda ne sera épargné. A côté de ces âmes déchirées c'est un monde bien vivant qui s'anime devant nous, les Bohémiens revendiquant leur place dans la capitale sous la direction de leur chef Clopin. Un monument de la littérature prend vie sur scène et on se laisse emporter sans mal pour connaître la destinée de chacun.
Si vous avez connu la production originale, que ce soit sur scène en 1998 ou plus tard par la version filmée, vous serez en terrain connu. Cette reprise 2016 reprend l'éblouissante mise en scène de Gilles Maheu, une véritable réussite tant elle arrive si bien à utiliser tout l'espace du difficile et très spacieux Palais des Congrès. A tout moment, notre regard ne sait où donner de la tête tant tout s'anime sur scène dans une harmonie magnifiée par les chorégraphies de Martino Müller. De la grande séquence pleine de vie de La Cour des Miracles aux cris de solitude et de mélancolie d'un Quasimodo épié par des danseurs-gargouilles, chaque séquence tire le maximum de son potentiel, transformant l'espace par de simples mais astucieux changements de décors, mais surtout de grandioses jeux de lumière. Vous l'aurez compris, Notre Dame de Paris est un spectacle qui mérite d'être vu et nous a immédiatement conquis.
Parrain de cet reprise, Daniel Lavoie reprend le rôle mythique de Frollo qu'il incarne à la perfection, avec force et rage. Sa voix n'a rien perdu de sa puissance et galvanise l'ensemble de ses apparitions. Angelo Del Vecchio est quant-à un Quasimodo des plus convaincants, doté d'une voix rocailleuse saisissante. Le reste du casting a du mal à arriver au niveau des deux interprètes, et ne bénéficie pas des moments le permettant. Il n'en reste pas moins que nous avons de solides Phoebus, Clopin (on guette chacune de ses chansons, Jay est excellent), Gringoire et Fleur de Lys. Seule HIba Tajawi ne nous aura pas tout à fait convaincu en Esmeralda.
Parlons des chansons. Elles sont une cinquantaine et s'enchaînent sans temps mort dans le show lequel fait abstraction de tout dialogue parlé. C'est au travers de la musique que les sentiments et décisions des personnages se font connaître, un choix artistique qui trouve tout son sens et donne une belle cohésion à l'ensemble. Allant d'une mélodie entêtante à une autre, c'est en un claquement de doigts que les 2h30 de spectacles passent devant nos yeux.
Belle et Le Temps des Cathédrales reçoivent les ovations les plus fournies, mais des titres trop peu méconnus tirent leur épingle du jeu, portées par les prestations engagées des interprètes. On pense à Tu vas me détruire, La Cour des Miracles, Fatalité ou encore l'émouvante Danse mon Esmeralda. Il serait difficile de lister tous les moments forts tant ceux-ci sont nombreux, avec des genres musicaux qui varient. Nul doute que chaque spectateur ressortira avec une préférence différente de celle de son voisin.
D'une manière générale, les musiques du spectacle sont particulièrement réussies, racontant l'histoire de la plus belle manière des manières, sans jamais faire naître en nous la lassitude ou l'ennui. Un exploit couplé au fait que les compositions ne tombe pas dans les travers de bon nombre de comédies françaises. Point de standard radio ici. Les chansons n'en sont que plus agréables à écouter au sein du spectacle, se fondant de manière naturelle dans l'histoire. Chacune a sa raison d'être et de vraies implications dans les évènements en cours. Notre seul regret sera au final de ne pouvoir les entendre avec un orchestre live.
Nous y sommes allés en pensant voir un spectacle passé de mode, ancien phénomène qui aurait mal vécu le passage des années, nous en sommes ressortis subjugués. Preuve qu'un bon spectacle ne perd rien de sa puissance, Notre Dame de Paris est une oeuvre impressionnante et une expérience forte en émotions qui n'a rien à envier aux musicals de nos confrères anglo-saxons. La mise en scène et les chansons nous transportent ailleurs, avec pour seule envie en sortant de nous replonger dans le roman de Victor Hugo pour en retrouver les personnages.
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