Critiques - Les films de l'été 2016 : Juillet
Publié le 24 Septembre 2016
Si vous avez lu notre premier article, vous savez que l'été n'a pas commencé de la meilleure des manières. Les déceptions se sont enchaînées au cours d'un mois de juin bien faible (The Neon Demon, Le Monde de Dory, etc.). Afin de lancer ce nouveau post de manière positive, nous pouvons déjà dire que juillet aura été bien plus satisfaisant niveau sorties. Avec quelques très bonnes surprises.
Tarzan de David Yates (**)
Après avoir grandi dans la jungle africaine, Tarzan a renoué avec ses origines aristocratiques, répondant désormais au nom de John Clayton, Lord Greystoke. Il mène une vie paisible auprès de son épouse Jane jusqu'au jour où il est convié au Congo en tant qu'émissaire du Commerce. Mais il est loin de se douter du piège qui l'attend. Car le redoutable belge Leon Rom est bien décidé à l'utiliser pour assouvir sa soif de vengeance et sa cupidité…
Ce film ne laissait présager rien de bon, mais on est bien loin du désastre annoncé. Cette énième version de Tarzan doit beaucoup à son casting. Alexander Skarsgård est des plus crédibles en homme de la jungle, Margot Robbie ne déçoit pas et Samuel L. Jackson s'en donne à coeur joie alors qu'il manie de la gâchette. Même Christoph Waltz, qui fait pourtant son numéro de méchant habituel, renoue ici avec le maximum de son potentiel. Les effets spéciaux - dès lors qu'il ne s'agit pas des singes - sont eux-mêmes très réussis et parviennent à rendre l'aventure
.Tout n'est pas parfait cependant. L'esthétique froide revendiquée par David Yates dessert souvent le film, manquant du souffle de magie de ses Harry Potter. Côté histoire, tout ou presque semble maladroit, les émotions étant cruellement absentes. Ne parlons même pas de l'utilisation
de flashback. S'il n'amène rien de nouveau sur la table, ce Tarzan 2016 se relève heureusement lors de bonnes scènes d'action.Nos pires voisins 2 de Nicholas Stoller (***)
Mac et Kelly Radner, pour l’arrivée de leur deuxième enfant, sont enfin prêts à franchir l’étape ultime vers la vie adulte et déménager en banlieue. Mais alors qu’ils mettent tout en œuvre pour vendre leur maison, une sororité d’étudiantes décomplexées succède à l’ancienne fraternité de Teddy, les surpassant largement en termes de débauche et tapage nocturne.
Suite à l'énorme succès du premier volet, il était attendu de voir une suite débarquer dans les salles. Là où le film surprend, c'est qu'il parvient à surpasser son modèle - qui était plus que moyen, certes. Nos pires voisins 2 nous fait retrouver le duo Seth Rogen - Rose Byrne auquel il associe désormais le trublion Zac Efron. C'est là où le film marque des points, l'alchimie Rogen / Efron étant très forte à l'écran. Ne négligeons pas non plus l'apport de Chloë Grace Moretz, qui va donner du fil à retordre à nos héros avec son groupe de filles.
Une dynamique renouvelée, des gags qui s'enchaînent et qui fonctionnent (à l'exception d'un, notable). Le film se veut divertissant et l'est sur toute sa longueur, grâce à des personnages qu'on aimerait bien revoir à nouveau. Que le Zombie Rising teasé par FunnyOrDie devienne réalité!
Irréprochable de Sébastien Marnier (****)
Sans emploi depuis un an, Constance revient dans sa ville natale quand elle apprend qu’un poste se libère dans l’agence immobilière où elle a démarré sa carrière, mais son ancien patron lui préfère une autre candidate plus jeune. Constance est alors prête à tout pour récupérer la place qu’elle estime être la sienne.
Peu de films français osent se frayer un chemin dans des étés souvent très américanisés. C'est pourtant en cette période qu'on a la surprise de trouver chaque année une petite perle. C'était le cas en 2015 avec La Dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil, thriller Hitchcockien injustement passé inaperçu. Irréprochable revendique cette place cette année. Dans les deux cas, un surprenant porte bonheur se présente en la personne de Benjamin Biolay, lequel a décidément l'art de se retrouver dans des projets intéressants.
Il n'est toutefois pas la star du film : cette place revient de droit à l'éblouissante Marina Foïs, qui livre une prestation dramatique hors normes. Son jeu est aidé par une réalisation hypnotisante qui ne nous laissera en paix qu'au générique final. Le personnage est torturé c'est certain et cela pourrait vite s'arrêter là, mais la façon dont il est construit peu à peu tient du régal, tant tout semble orchestré d'une main de maître.
Irréprochable fascine et nous surprend dans la manière dont il choisit de faire ce portrait. Marina Foïs trouve de bons partenaires de jeu avec Jérémie Elkaïm et surtout Joséphine Japy, qui confirme après Respire dans un rôle tout à faire différent (la caméra l'adore). L'intensité que l'on retrouve lors de certaines scènes est savamment mise en scène, c'est impeccable. Avec une bande-originale qui lorgne vers le film de genre, on est sous le charme. L'un des meilleurs films de cette année est français, notez-le.
American Nightmare 3 : Elections de James DeMonaco (**)
Une sénatrice américaine se lance dans la course à l'élection présidentielle en proposant l'arrêt total de la Purge annuelle. Ses opposants profitent alors d'une nouvelle édition de cette journée où tous les crimes sont permis pour la traquer et la tuer...
Désormais un rendez-vous récurrent, la saga American Nightmare a définitivement délaissé l'ambiance huit-clos du premier opus pour s'élargir sur la ville. Cela faisait l'originalité du second opus, la redite n'est pas loin pour ce troisième film. Les intrigues secondaires sont toujours d'un intérêt faible - voir nul, à l'image de ses personnages caricaturaux au possible. Ajoutons que les dialogues sont désastreux, il serait vraiment temps que DeMonaco se fasse accompagner sur le scénario...
Pour le reste, le concept tient toujours la route et le film bénéficie d'un pitch prometteur : le toujours bad-ass (au ciné) Frank Grillo qui doit protéger une sénatrice au cours d'une nuit de Purge. S'il prend souvent des allures de film d'action mal filmé, Elections devient beaucoup plus fun lorsqu'il devient une espèce de train fantôme où personne n'est en sécurité. Cela ne dure pas longtemps, et les défauts font vite surface à nouveau. C'était bien tenté et on s'y prend parfois, mais ne nous y trompons pas c'est mal exécuté.
Insaisissables 2 de Jon M. Chu (**1/2)
Un an après avoir surpassé le FBI et acquis l’admiration du grand public grâce à leurs tours exceptionnels, les 4 Cavaliers reviennent ! Pour leur retour sur le devant de la scène, ils vont dénoncer les méthodes peu orthodoxes d’un magnat de la technologie à la tête d’une vaste organisation criminelle.
Quand on y repense, c'est un miracle que le premier Insaisissables soit "aussi" bon. Un film sur des cambrioleurs qui emploient la magie, autant dire que cela avait tout de l'idée casse-gueule. Le rythme insufflé au film, son casting et l'exaltation face aux numéros de magie, tout fonctionnait bien. C'est - de façon aussi surprenante - la même chose pour cette suite. On craint un peu sur le début du métrage, mais on se retrouve très vite en terrain connu. Dès lors, même si tout ce qu'on voit n'a aucun sens, on se surprend à apprécier le film. Comme un spectacle de magie.
Tout s'enchaîne très vite et les 4 Cavaliers n'ont pas perdu leur talent pour le show. Le réalisateur Jon M. Chu s'inscrit dans les pas de Louis Leterrier et délivre un film très dynamique, qui ne nous laisse pas le temps de nous arrêter sur les absurdités du scénario. Il arrive même à rendre une séance de lancer de carte captivante (vous comprendrez). On regrette parfois le départ d'Isla Fisher, on apprécie toutefois le retour du reste de l'équipe et l'addition de Daniel Radcliffe en méchant. C'est divertissant, le spectacle et la magie sont là, pas mal pour une suite qui ne s'imposait pas d'elle-même.
The Invitation de Karyn Kusama (****)
Par une sombre nuit, Will est invité à un dîner chez son ex-femme et son nouveau mari. Au cours de la soirée, il commence à douter des intentions de ses hôtes.
Face à ce mois de juillet peuplé de suites, terminons avec un film original sorti non pas au cinéma, mais sur Netflix. Qu'une chose soit claire : le temps où les films en VOD n'étaient que des rejets qui ne me méritaient pas notre attention sont révolus. La preuve en est aujourd'hui avec The Invitation qui à notre humble avis aurait dû avoir sa chance en salle obscure. Nous tenons là un thriller très intelligent qui est l'un des meilleurs films de l'année. Tout simplement.
Tout se joue au cours d'une soirée entre amis où Logan Marshall-Green va nous faire goûter à sa paranoïa. Doit-on le croire ou n'est-ce que dans son imagination ? Le doute va se poser et ne plus vous quitter jusqu'à la fin du long-métrage. Dôté d'un rythme lent, le film ne paraît jamais long grâce à des dialogues très bien écrits et des situations qui relancent constamment notre intérêt.
Intimiste, The Invitation nous place au plus près de ses personnages, n'allant jamais trop vite et nous laissant le temps de nous interroger sur cette soirée pour le moins inoubliable.