Cats - Notre critique du spectacle

Publié le 10 Octobre 2015

Cats - Notre critique du spectacle

Une fois par an au cours d’une nuit extraordinaire, les « chats Jellicle » se réunissent pour leur grand bal. leur sage et bienveillant chef, le Vieux Deuteronome choisit celui qui pourra entrer au paradis de la félinosphère pour renaître dans une toute nouvelle « vie Jellicle ».

Les chats ont envahi le Théâtre Mogador! Depuis le 1er octobre dernier s'y joue le musical Cats d'Andrew Lloyd Webber. Difficile de ne jamais avoir entendu parler de ce spectacle légendaire. Créé en 1981, il a marqué l'Histoire du théâtre musical, aussi bien sur Broadway que sur le West End. Sept Tony Awards, 73 millions de spectateurs dans le monde, joué dans en 15 langues, dans 300 villes et dans 30 pays... les chiffres de Cats sont parmi les plus impressionnants de sa catégorie. Une chose le différencie encore des plus grands musicals : sa chanson phare Memory qui a su s'échapper de son oeuvre originale pour devenir un tube planétaire.

Fort de cet historique, Cats débarque à Paris dans une toute nouvelle version puisqu'il est agrémenté d'une chanson inédite. Au-delà de cet ajout, c'est surtout l'occasion de découvrir le musical sur scène et de voir s'il est à la hauteur de sa réputation. Notre verdict ? C'est à lire ci-dessous.

Cats - Notre critique du spectacle

A l'origine de Cats, il y a un livre de poèmes écrit par T. S. Eliot : Le guide des chats du Vieil Opossum. Comme son nom l'indique, nous y découvrons une galerie de chats qui possèdent tous des caractéristiques bien particulières. Sages, fous, sympas ou filous, Eliot fait preuve d'une imagination débordante avec ses chats et son oeuvre berça l'enfance de jeunes partout de par le monde. Le compositeur Andrew Lloyd Weber (Le Fantôme de l'Opéra) fut l'un d'entre eux et il finit par produire une version musicale de l'ensemble des poèmes, gardant intacts la plupart des textes de T. S. Eliot.

Des présentations de chats sans lien les uns avec les autres ? L'astuce pour l'adaptation va être de trouver un fil conducteur simple mais efficace : tous les ans, les chats Jellicle se réunissent pour savoir lequel d'entre eux aura le droit à une nouvelle vie de chat. Dès lors, l'enchaînement prend tout son sens : les uns après les autres, les chats se présentent ou présentent un chat qui selon eux mériterait d'être choisi pour cette nouvelle vie. Le choix importe bien peu au final : la plus grande force du musical est de nous faire naviguer entre les histoires des chats sans jamais nous lasser.

En apparence, Cats pourrait s'apparenter à un spectacle de cirque où les numéros se succèdent dans des genres différents, à ceci près dans le cas de Cats, la saveur reste intacte tout au long des trois heures du musical. Chaque chat dispose d'un univers bien à lui et nous entraîne avec lui, son style musical et ses pas de danse contrastant avec ceux de ses comparses. Si bien que notre intérêt est constamment relancé et que l'on finit par regretter que le spectacle ne dure pas plus longtemps.

Cats - Notre critique du spectacle

Alors oui, certains costumes et effets semblent d'un autre âge et il convient même de se demander s'ils n'étaient pas déjà démodés il y a une trentaine d'années, au lancement du spectacle. Il n'est pas simple de faire ressembler des humains à des chats sans tomber dans le déguisement pour enfant ou la grosse peluche. Un musical dont tous les personnages sont des chats, voilà qui est compliqué! Heureusement, il suffit de quelques numéros pour que l'on s'acclimate à l'univers et que l'apparence des chats, dans toute leur variété,  ne nous choque plus autant. Si vous avez une appréhension par rapport à ce côté "daté", ne vous laissez surtout pas freiner et courrez profiter des qualités du spectacle.

Peints, collés pour beaucoup à la peau des comédiens, les costumes permettent la réalisation de somptueuse chorégraphies dont le point d'orgue est le bal Jellicle. Ce mélange de danse et de chant, c'est ce qui plaît dans Cats. Une autre chose, c'est sans aucun doute son mélange des styles. On passe d'une délicieuse mélodie (la sublime Le Vieux Deutéronome, Yves) à un morceau enjoué et coloré qui voit s'animer l'ensemble de la scène (Skimbleshanks, Le Magistral Mister Mistoffelees). Un numéro sensuel tout en jazz (Macavity), du rap pour le Rum Tum Tugger. Autant de chansons qui raisonneront longtemps dans votre tête les jours suivants la représentation (il n'y a pas que Memory!).

Vous avez certainement remarqué les noms étranges.des chansons : il s'agit des noms des chats et, comme on me l'avait conseillé moi-même, si vous ignorez tout de leur identité, je vous invite à garder le mystère pour une découverte sur scène.

Cats - Notre critique du spectacle

Du côté de l'environnement, c'est un décor unique qui nous attend. Voilà qui change du Bal des Vampires, le précédent musical de Stage qui possédait lui une pléiade de décors. Pour Cats, nous avons juste celui d'une déchetterie (pas des plus glamours je vous l'accorde), déchetterie qui a la singularité d'être vue de la taille d'un chat. Tout au long du show (et surtout dans le 2nd acte), on est surpris des aménagements qui sont faits pour donner vie à ce décor et le transformer. Sans vous gâcher les surprises, certains éléments de décors construits sur scène relèvent d'une belle inventivité. Les jeux de lumières jouent également beaucoup, on n'a jamais l'impression de rester au même endroit!

C'est lors d'un de ces moments hors de la déchetterie (et hors du temps) que se situe le morceau exclusif à la version française, un bel opéra italien qui s'insère de façon logique dans le spectable. Si on n'avait pas été au courant de cet ajout, on aurait pu penser qu'il y était depuis les débuts.

Cats - Notre critique du spectacle

Un musical ne serait rien sans ses comédiens. Ceux de Cats viennent de divers horizons d'Europe et livrent une belle prestation pendant le show, chacun d'entre eux ne faisant qu'un avec son personnage. Une magnifique troupe d'une trentaine de chanteurs-danseurs qui semblent prendre un plaisir fou sur la scène et font de cette version française un plaisir à regarder. Pas de rôle principal, chaque chat a sa carte à jouer et brille à un certain moment du spectacle.

La troupe est complétée par une dizaine de musiciens qui contrairement aux habitudes du théâtre ne se produisent pas dans la fosse, mais sur le côté de la scène ! Invisibles des spectateurs, ils sont plus proches des acteurs afin de renforcer l'esprit d'équipe avec les acteurs. Comme toujours à Mogador, c'est impeccable et c'est un plaisir d'entendre toutes les chansons interprétées en live. D'autant que la partition de Cats nous en fait voir de toutes les couleurs, usant aussi bien de la guitare électrique que du synthé.

Cats dispose de nombreux moments devant lesquels on est soit fasciné soit émerveillé, solos, duos, ou tout l'ensemble, mais Ma Vie reste la chanson qui vous donnera le plus de frissons, grâce à la voix (puissante) de Prisca Demarez. Pas de reproche à faire sur la version française de cette chanson, ni sur celle des autres morceaux. Le français s'accorde ici plutôt bien (mieux que sur Le Bal des Vampires), les textes gardant leur côté poétique.

Cats - Notre critique du spectacle

Après plus de trente ans sur les scènes du monde entier, la magie de Cats se poursuit donc à Paris. Comme les différentes photographie ont pu vous le montrer, le musical dispose d'un univers visuel bien à lui qui se ressent également au niveau de certains accords très 80's. Toutefois, une fois bien rentré dans le spectacle, c'est de l'émerveillement permanent. Les quelques baisses de rythme sont aussitôt contrebalancées par des chansons entraînantes ou des mélodies qui figurent parmi les plus belles de son auteur.

On se prend peu à peu d'affection pour ces chats et, alors qu'ils nous sont tous inconnus avant le show, on reconnait et connait l'histoire de chacun d'entre eux au dernier coup de rideau. Même lorsqu'ils ne font qu'un, on continue alors de voir la personnalité de chacun. Un très beau spectacle qui doit beaucoup à sa troupe et qu'on vous encourage vivement à voir pendant son exposition à durée limitée sur Paris.

Actuellement au Théâtre Mogador.

Photos : Brinkhoff / Mögenburg © RUG
Les photos proviennent du programme. Un indispensable si vous avez aimez le show.

 

Rédigé par Geotoine

Publié dans #Cats, #Musical, #Andrew Lloyd Weber, #Prisca Demarez, #Théâtre Mogador

Commenter cet article