Cats - Visite des Coulisses

Une fois par an au cours d’une nuit extraordinaire, les « chats Jellicle » se réunissent pour leur grand bal. leur sage et bienveillant chef, le Vieux Deuteronome choisit celui qui pourra entrer au paradis de la félinosphère pour renaître dans une toute nouvelle « vie Jellicle ».

Une rentrée bien féline à Mogador. Tandis que les plus jeunes rejoignaient les bancs de l’école, nous étions conviés au sein d’un des plus beaux théâtres de Paris afin d’y découvrir les coulisses du spectacle évènement Cats. A nos côtés, divers journalistes et blogueurs, ainsi que des spécialistes de la comédie musicale, se sentant tous aussi privilégiés qu‘impatients. Guidés en petits groupes de 10 personnes, nous avons parcouru cinq ateliers destinés à nous faire découvrir toutes les facettes du show. Une visite qui s’est achevée en apothéose avec une prestation de la troupe. Les chats sont de sortie, et ils n’ont plus rien à envier aux souris en matière de danse.

Jeudi, 16h30. Nous sommes réunis dans le foyer du théâtre Mogador. Un murmure s’élève au fur et à mesure de l’arrivée des invités. C’est la 1ère fois que l’on est invité à un tel évènement, et on n’est plus que fébrile face à ce qui nous attend : les secrets d’un tout nouveau musical! En parcourant les lieux, on remarque des rangées de sièges qui n’auraient pas dû se trouver là. On apprendra plus tard qu’ils ont été retirés temporairement de la salle afin de ne pas gêner l’installation des décors. Pas de doute, le théâtre est en pleine gestation, se faisant tout beau à l’ombre des regards.

Laurent Bentata, directeur général de Stage Entertainment France, fait nous entrée et nous souhaite à tous la bienvenue. Son discours va alors se tourner vers le compositeur à l’origine de Cats : le légendaire Andrew Lloyd Webber. C’est la première fois que Stage France collabore avec l’auteur du Fantôme de l’Opéra, mais c’est surtout Weber lui-même qui en a lancé l’idée! De passage à Mogador, il s’était en effet exclamé que le théâtre serait parfait pour Cats. Des paroles qui ont été bien entendues par le directeur de Stage. Ni une, ni deux, alors que le musical était loin d‘être dans les projets de Stage, le voici qui se retrouve en tête de ligne.

Suivant cette anecdote, voici que nous est faite une grosse annonce surprise : présent le samedi précédent pour superviser les répétitions, Webber a apporté dans ses cartons un morceau inédit, une « partition manuscrite » qui sera jouée - pour la première fois au monde - à Mogador. « Un opéra italien qui fait le lien entre deux chats », c’est tout ce que l’on saura à propos de la fameuse chanson. Pour l’écouter, il faudra revenir fin septembre voir la version parisienne, laquelle fera donc date dans l’Histoire.

Nous commencons la visite par l’atelier des costumes. On se fraie un chemin à travers les passages du théâtre et avant même de parvenir à l’arrivée, on croise sur notre route plusieurs des « peaux de chats » qui seront utilisées dans le spectacle. Cinq personnes travaillent d’arrache pied pour finaliser les costumes. Elles resteront pour la plupart lors des représentations, afin d’assurer la moindre retouche. Point positif : les costumes sont en litrome peint. Ils collent donc à la peau des danseurs, s’accordant au moindre de leurs mouvements, mais surtout ne sont pas fragiles.

Dans un coin de l’atelier est accroché le manteau de Grizabelle, chat mythique du spectacle. Il vient tout juste d’arriver et l’actrice n’a pas encore eu l’occasion de l’essayer. Ce qui ne devrait toutefois pas tarder! Il se s’agit pas de créations françaises, 95% du travail est repris de ce qu’ont fait les anglais pour la dernière version du show. Il s’agit en effet de présenter au public français Cats tel que le monde entier l’a vu au cours des dernières décennies.

Les ayants droits s’acharnent d’ailleurs à garder leur niveau de qualité, prenant la dernière version du West End comme référence absolue. Ils suivent le spectacle depuis ses débuts, connaissent par cœur ses personnages et savent très bien à quoi ressemble l’ADN de Cats. Ils sont alors très exigeants sur chaque adaptation, allant jusqu’à refuser des acteurs choisis par la production locale. C’est-ce qui s’est encore produit avec la version de Stage, avec pour conséquence que certains rôles n’étaient pas attribués il y a encore quelques semaines. Voilà qui ne manque de rappeler les débuts du musical sur Broadway, où la chorégraphe avait déjà refusé tous les meilleurs danseurs de New York. Pour faire Cats, il faut savoir danser, mais aussi chanter, et il n’est pas toujours la bonne personne qui allie les deux, tout en incarnant le personnage!

Bonne nouvelle : tous les chats parisiens ont des interprètes, même si Stage a dû repousser les frontières pour certaines. Invité dans la salle de répétitions, on se rend compte que le niveau est là. Blotti dans un coin pour déranger le moins possible, on assiste pendant une dizaine de minutes… au musical dans sa forme la plus pure. Dépourvus de tout maquillage/costume, les acteurs arrivent pourtant à nous embarquer dans l’univers de Cats et à nous faire voir les chats qu’ils incarnent. Pour parvenir à un tel niveau, ils se sont réunis chaque jour depuis début août, enchaînant huit heures de répétitions par journée. A un mois de la première, les mouvements sont précis et les scènes s’enchaînent sans la moindre interruption.

A une scène de chant qui mêle tous les acteurs se succèdent un morceau de claquettes. Pas de rôle secondaire, les chats ont tous un rôle majeur dans l’histoire. Ce qui nécessite 30 artistes capables d’enchaîner près de trois heures de chant et de danse. On est déjà fasciné par les quelques minutes qui nous sont présentées, et on ne peut qu’être triste quand on vient nous chercher : « Vous n’espérez pas voir tout le spectacle quand même ! Il faudra revenir. » On sera là.

Direction les maquillages, dont le local se situe près de celui des costumes. Une spécialiste présente trois semaines sur Paris donne de précieux conseils aux deux acteurs installés devant les glaces. Ces derniers - comme le reste de la troupe - vont en effet devoir se maquiller eux-mêmes avant chaque représentation. « Jusqu’à une heure, une heure et demie à chaque fois. » Ils bénéficient donc d’une formation approfondie, repartant pour certains des bases du maquillage pour finir aux moindres particularités de leur chat. Car chaque chat a un maquillage qui lui est propre.Ca se s’acharne pas seulement en coulisses.

Sur scène aussi, un chantier est en cours. Celui d’une déchetterie, lieu unique du musical. Le décor est imposant, et pour cause puisqu’il est fait comme vu à l’échelle d’un chat. Un four immense, une boîte de conserve qu‘on peinerait à tenir dans la main, et même de la Vache qui rit. Le musical se passe toujours en Angleterre, mais quelques référence bien françaises semblent s’être glissées. Le sol correspond à une pancarte effondrée. C’est sur ce dernier, incliné de 5°, que vont devoir se produire les artistes. On est bluffé par de savoir que c'est ici que vont se produire les chorégraphies vues précédemment.

Avant de partir, une dernière surprise nous attend : les premières chansons du spectacle interprétées sous nos yeux par toute la troupe. La présentation des chats, qui offre son moment à chacun des artistes, et celle du bal à venir. Les représentations débuteront le 1er octobre au Théâtre Mogador, avec des avants-premières dès le 20 septembre 2015.