Compte Rendu - La Nuit du Slasher
Publié le 11 Juillet 2014
Avant la Nuit Gore qui aura lieu demain soir (voir l'article), retour sur une précédente nuit du Paris Film Fantastic Festival : la Nuit du Slasher. Après s'être intéréssés aux univers de Clive Barker, Rob Zombie et Stephen King, les organisateurs nous avaient organisé en mars dernier tout un programme sanguilonent autour de l'un des plus fameux sous-genres de l'horreur : le Slasher. Vous savez ces films où un tueur sévit, poursuivant tel un chasseur chacune de ses victimes ? De 22h jusqu'à l'aube, nous avons pu découvrir sur grand écran quatre films qui, bien qu'issus du même sous-genre, étaient très différents. Compte rendu.
Aux Yeux des Vivants
Ouverture du bal avec un film français, présenté en avant-première qui plus-est. Aux Yeux des Vivants est le petit dernier de Julien Maury et Alexandre Bustillo, le duo de réalisateurs derrière A l'intérieur et Livide. Autant dire qu'on s'attendait à beaucoup plus entendre parler du film lors de sa sortie, d'autant qu'il n'est pas mauvais du tout. Au lieu de cela, il est passé complètement inaperçu, la faute à une mauvaise distribution. Au final, cette présentation en avant-première a été l'une des rares projections du film en salles.
Si on veut en parler rapidement, on peut dire que le film commence très mal, puis s'améliore petit à petit. La scène d'ouverture est tout simplement catastrophique (désolé Béatrice Dalle), et toute la première partie peine à convaincre. On y suit un groupe de jeunes garçons qui découvre au beau milieu de la campagne des décors de cinéma abandonnés. Des décors au sein desquels repose un monstre, bien évidémment. Avant le début des choses sérieurs, les auteurs essayent dans un premier temps de dépeindre l'adolescence, et cela donne une sorte de Goonies vulgaire. Les insultes et gros mots pleuvent sans discontinuer, et ce qui choque ou amuse tout d'abord ne tarde pas à devenir lassant. Le jeu des acteurs ne fait rien pour rattraper cela.
Mais Aux Yeux des Vivants montre heureusement des aspects beaucoup intéressants dès que le boogeyman - un monstre difforme à la Colline a des yeux - fait son apparition. On a a alors le droit à des séquences angoissantes très réussies, des clins d'oeil aux légendes urbaines les plus terrifiantes. Surtout on est scotchés à notre siège (vraiment). Utilisant une construction somme toute classique, le film parvient à nous captiver tout au long des différentes confrontations avec le monstre, nous faisant oublier les déboires du début. Tout n'est pas parfait, mais c'est bien filmé, on ne s'ennuie pas et on prend même plaisir à avoir peur.
Sans compter que certaines répliques sont tout simplement savoureuses. Voici un dialogue entre une mère et sa fille, laquelle a entendu des bruits sous son lit : "Ce n'est pas la petite bête qui va manger la grosse. - Oui, mais celle-là est plus grosse que moi."
Suite à la projection a eu lieu une séance de questions-réponses avec une partie de l'équipe du film. On y a appris que le long-métrage était à l'origine un projet américain (ce qui ressent) et qu'il devait raconter une jeunesse fictive de l'auteur Stephen King. Le réalisateur Alexandre Bustillo nous a dévoilé tous les secrets de la production, sans aucune langue de bois, et a lancé un cri d'alerte contre le manque d'auteurs en France. Bustillo et Maury sont ainsi obligés d'écrire leurs scénarios eux-mêmes, car ils ne trouvent personne d'autre pour le faire. L'acteur du boogeyman était là (léger choc de le voir en vrai après le film) et nous a parlé de ses techniques pour rentrer dans le personnage. Un excellent moment avec l'équipe, très instructif pour n'importe quelle personne s'intéressant au cinéma de genre.
Rosemary's Killer
On est ensuite retournés plus de trente ans en arrière avec Rosemary's Killer - ou The Prowler, film d'horreur de Joseph Zito sorti en 1981. Un slasher des plus classiques, mais qui séduit par nostalgie. Tout le film respire les années 80 que ce soit au niveau des coiffures, des costumes ou même de l'attitude des personnages. Ne parlons même pas de l'image, des défauts de pellicule etc. Tout une époque est retranscrite à l'écran - sous couvert d'une série de meurtres - et c'est là ce qui fait une bonne partie du charme du long-métrage.
Les meurtres sont commis par un mystérieux "soldat vert" dont les armes de prédilection sont un long couteau affuté et une faux. Cela nous donne alors des séquences de mises à mort intenses, la puissance étant de pluis amplifiée par les maquillages généreux de Tom Savini. L'identité du tueur importe assez peu, elle ne sera même pas expliquée (à moins que la fatigue ne nous ait fait loupé cet élément). Les scènes de suspense se répètent et n'aboutissent souvent pas à grand chose, bien que restant divertissantes. Scream lui doit beaucoup pour les parties de cache-cache à travers les maisons pavillonaires.
En plus de l'ambiance et des scènes de suspense, on retiendra le gardien de motel horripilant et l'ultime affrontement contre le tueur, deux séquences qui ont entraîné une animation
dans la salle.L'Eventreur de New York
Il est maintenant plus de 2 heures du matin, et les paupières commencent à devenir lourde. Il convient néanmoins de rester éveillés pour L'Eventreur de New York, film de 1982 signé Lucio Fulci. Nous n'étions peut-être plus aussi alertes qu'avant, mais c'était pourtant le moment parfait pour découvrir le film de Fulci, et quel film ! Un très bon film policier, giallo en soit qui lorgne vers le slasher, avec une ambiance malsaine qui déborde hors des meurtres. Cette ambiance imprègne en fait tout le long-métrage, et, rien que pour cela, voir L'Eventreur sur grand écran dans une sorte d'état second était une expérience tout à fait particulière.
Le tueur présente un aspect original - qu'on ne dévoilera pas ici par respect pour ceux qui ne l'auraient pas vu - qui déclenchait à chaque fois quelques rires dans la salle. Une chose est sûre, vous ne regarderez plus les canards comme avant. L'identité du fameux éventreur reste un mystère pendant toute la durée du long-métrage, et le scénario enchaîne les fausses pistes pour mieux nous tromper. Comme dans Rosemary's Killer, le dénouement est rapide une fois la révélation faite. Les meurtres sont secs et tranchants, dérangeants à regarder, on pense à Maniac lors d'une poursuite dans le métro. Une bonne surprise.
Dream Home
La nuit arrive enfin à sa conclusion avec le récent Dream Home de Pang Ho-cheung. Fini les serial killers mystérieux, on suit maintenant une jeune femme qui, pour pouvoir obtenir le logement de ses rêves (d'où le titre), va trouver une solution radicale : faire baisser le prix en assassinant les voisins. Un film d'horreur avec un message social donc, mais cela ne va pas limiter la violence des meurtres, bien au contraire. Ces derniers sont extrêmes et d'une cruauté sans nom, d'une façon crue et réaliste qui contraste les précédents films, marqués eux dans le temps. On vous le dit : Dream Home n'est pas à mettre entre toutes les mains.
On ressort du film choqué par son côté trash, et son regard sur la société d'aujourd'hui. Voilà bien un film qui marque, même si il n'a pas reçu notre unanimité. Trop déroutant sans doute. On termine ainsi sur une note légèrement amère. Cela n'entachera heureusement pas notre opinion générale de la nuit. Celle-ci s'est révélée solide en terme de programmation avec des films différents les uns des autres et avec une ambiance propres à chacun.
Merci au
Nuit Gore ce week-end sur Paris - Geotoine.fr : L'actualité du cinéma et bien plus encore
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